s.l., s.e., s.d. (vers 1760); in-4, 4 pages et 1/2 page, . Les 2 volumes.
Charles de Villette (1736-1793) était officier, écrivain et conventionnel (Oise) ; il épousa la fille adoptive de Voltaire malgré une réputation de débauché, par ses dépenses et ses amours masculines. Il fut enfermé pendant plusieurs mois, dans la Citadelle de Strasbourg (ou de la Petite Pierre, les avis divergent). Grimm, dans sa Correspondance littéraire (août 1765), rapporte en tout cas « qu'il remplit tout Paris d’un duel où il devait avoir tué un ancien lieutenant-colonel, après l’avoir outragé dans une promenade publique, de la manière la plus indécente et la plus punissable. C’était pour mettre sa bravoure hors de doute qu’il avait imaginé de faire courir ce bruit. Les campagnes en Hesse lui avaient offert des occasions plus simples de se laver de tout soupçon de poltronnerie. Quoi qu’il en soit, ce prétendu duel fit tant de scandale, l’offense qui devait l’avoir occasionné était si contraire aux mœurs, que le ministère public informa contre le fait ; et lorsqu’on en vint aux éclaircissements, il se trouva qu’il n’y avait nul fondement ni à l’offense ni au combat. Cette platitude fit enfermer M. de Villette pendant six mois dans la citadelle de Strasbourg". La plus longue des deux lettres est adressée au marquis de Paulmy d'Argenson, qui fut secrétaire d'État à la Guerre en 1757 après la disgrâce de son oncle et gouverneur de l'Arsenal en 1771. D'un caractère enjoué et frondeur, Villette écrit avec beaucoup d'esprit et se plaint en particulier de l'ennui de manger seul, comme le pape. "(…) mais moi pauvre liliput, qui me suis toujours ajusté le matin pour exister le soir, qui ne puis pas me vanter d'avoir digéré jamais bien parfaitement, j'aime à considérer la belle nature… je voudrais un causeur avec lequel on put digérer doucement, les pieds sur les chevets… au lieu de cela, je me fais lire Robinson Crusoé…" Il trancrit ensuite une pièce de vers à l'intention de son correspondant, qu'il aime et qu'il honore, comme "un des plus aimables hommes qui soyent en France". La plus courte des deux lettres, probablement rédigée juste avant son emprisonnement, dit ceci : "Je pars dans l'instant malgré moi pour Strasbourg. Je me recommande à vous sur terre comme un dévôt se recommande à Dieu qui est au ciel, je vous baise mille fois les mains, et vous remercie mille fois plus encore de ce que j'ai vécu, de ce que j'attends, de vos bontés".
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