Paris, Mercure de France, 1904; in-12, 201 pp. + 8 pp. de catalogue, broché, couverture imprimée (dos partiellement décollé et ridé, petites traces du temps et d'usage).
Édition originale sur papier d'édition (il n'y a eu que 12 grands papiers), comportant ce bel envoi autographe signé de l'auteur : "à mon cher maître Octave Mirbeau hommage d'admiration et d'affecteuse gratitude. Laurent Tailhade. 27 juin 04". La dédicace a son importance, à cette date, quand on sait que 1904 fut l'année qui marqua la rupture entre les deux hommes. "À force de se côtoyer dans les mêmes salles de rédaction – L’Aurore, Le Journal du Peuple, par exemple – et de lutter pour les mêmes causes – la libération d’Oscar Wilde, le souvenir de la Commune et surtout pour Alfred Dreyfus –, les deux hommes finissent par tisser des liens d’amitié. Aussi Mirbeau demande-t-il à Tailhade d’introduire L’Épidémie dans une conférence à la Maison du Peuple de Montmartre en juin 1900. Mais c’est l’année suivante, lors de la condamnation de Tailhade à un an de prison pour son article du Libertaire, que Mirbeau va s’employer à venir en aide au prisonnier de la Santé, notamment en lui trouvant des fonds dus à la générosité de Joseph Reinach et un éditeur – Fasquelle – pour sa traduction du Satyricon. C’est encore Mirbeau qui le fera entrer à L’Humanité en 1904. Pour autant, les relations entre les deux littérateurs vont se détériorer totalement avec la publication du Salon de Madame Truphot la même année. Œuvre de Fernand Kolney, beau-frère de Tailhade, ce – mauvais – roman à clefs avait probablement été initié à quatre mains, mais nous savons que seul Kolney avait poursuivi l’ouvrage et que, de fait, le contenu avait largement échappé au contrôle de Tailhade. Or, tout un chapitre était consacré à démolir Mirbeau – dépeint sous les traits de Georges Sirbach –, ainsi qu’Alice Regnault. Encouragé par Jehan Rictus – qui, dans ce roman, avait eu plus que sa part – à porter l’affaire devant les tribunaux, Mirbeau choisit de se taire, tandis que Tailhade tardait à rompre avec son beau-frère, ce qu’il fit un an plus tard. Trop tard, à l’évidence, pour panser les blessures d’une amitié qui ne se renoua jamais par la suite. "(Gilles Picq, « Mirbeau-Tailhade : un malentendu », Cahiers Octave Mirbeau, n° 10, 2003, pp. 150-158). Portrait de l'auteur par Evelio Torent en frontispice, gravé et imprimé en héliogravure par l'Atelier d'Art. Papier jauni et cassant, mais exemplaire correct.
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