s.l., s.e., s.d. (vers 1880 à 1900); in-4, 125 ff. sur lesquels ont été montées 208 notes manuscrites, plein maroquin janséniste bleu-nuit, dos à nerfs, double filet sur les coupes, large dentelle intérieure, doublures de papier marbré, tête dorée, étui bordé (reliure de l'époque signée par Vincent Dupré).
Exceptionnelle réunion de 208 notes manuscrites autographes de Jules de Chantepie du Dézert. Ce sont ses réflexions, ses notes et ses idées sur les bibliothèques et les bibliothécaires, soigneusement conservées, qui ont été classées par lui-même et reliées pour son propre usage. Toutes ces notes constituent une documentation de premier ordre sur l'état, les problèmes et les mutations des bibliothèques universitaires. Elles sont aussi les témoins de la genèse et de la progression d'une réflexion de longue haleine de l'un des meilleurs spécialistes du monde des bibliothèques à la fin du XIXe siècle. Le volume s'ouvre par une table des matières qui donne la répartition des sujets abordés : 1. Bibliothèques en général. 2. Rapport 1890. 3. Bibliothèque de la Sorbonne. 4. Autonomie. 5. Bibliothécaires. 6. Commissions. 7. Recteurs. 8. Professeurs. 9. Laboratoires. Concernant la vie et la trajectoire professionnelle de l'auteur, nous reproduisons ici l'article très complet de Philippe Marcerou, tiré du premier dictionnaire biographique consacré au monde des bibliothèques françaises, "Figures de bibliothécaires", publié sous la direction d'Isabelle Antonutti (Presses de l'ENSSIB, 2020) : "Élève au lycée Louis-le-Grand à Paris, il est reçu au concours de l’ENS en 1858. Il enseigne dans les lycées de Rodez (Aveyron, 1861), Tournon (Ardèche, 1862), Napoléonville (aujourd’hui Pontivy, Morbihan, 1863), Coutances (Manche, 1863), Vesoul (Haute-Saône, 1864-1867), Évreux (Eure, 1868). Il est reçu à l’agrégation de lettres en 1865. Il est nommé maître surveillant à l’ENS en 1868 et employé à la bibliothèque dès cette date, il en prend la direction en 1871. Pendant les dix années de sa direction, il s’efforce de classer les fonds selon les principes appris lors de son voyage en Allemagne, en 1873, destiné à étudier les bibliothèques universitaires allemandes. Ce voyage à Rostock, à Marburg, à Königsberg, à Leipzig et à Göttingen donne lieu à un rapport publié au Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique du 23 avril 1874 qui se conclut ainsi : « c'est l'argent, le travail, l'autonomie et la discipline que l'on peut voir dans les bibliothèques académiques allemandes : voilà les raisons de leur prospérité ». L’Instruction générale relative au service des bibliothèques universitaires du 4 mai 1878 reprend des éléments de son rapport. Le 31 janvier 1879 est créée une commission centrale des bibliothèques académiques et des collections des facultés dont il devient membre. Le 8 mai 1880, il est chargé, avec Étienne Lorédan Larchey, de la bibliothèque de l’Arsenal, d’une mission d'inspection des bibliothèques universitaires. Déçu par le manque de moyens affectés à la bibliothèque de l’ENS, il démissionne de son poste en 1881 et se place en « congé » ; il effectue, à la demande du ministère de l’Instruction publique, des inspections ponctuelles de bibliothèques universitaires (Aix, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier et Toulouse). En 1885, Jules de Chantepie est nommé inspecteur des bibliothèques universitaires. Par arrêté du 6 octobre 1885, il devient, parallèlement à ses fonctions d’inspection, directeur de la bibliothèque de l’université de Paris, en Sorbonne. En outre, il devient « inspecteur du service des échanges universitaires » (1890-1903), service dont il préside à l’installation dans les locaux de la « nouvelle Sorbonne » édifiée d’après les plans de l’architecte Henri-Paul Nénot et selon les principes de construction de Gustave Eiffel. La bibliothèque de la Sorbonne est inaugurée le 29 décembre 1897 en présence du président de la République, Félix Faure : elle est alors composée d’une vaste salle de lecture (plus de 600 mètres carrés, 250 places) et de deux bâtiments de magasins de trois étages chacun. Sous sa direction (1885-1904), la bibliothèque obtient des moyens d’acquisition conséquents, elle s’intéresse aux publications françaises et étrangères - et sont jetées les bases d’une politique documentaire de long terme qui embrasse à la fois les sciences humaines et exactes. Par décret du 3 juin 1898, il est nommé inspecteur général hors cadre des bibliothèques et chargé de l’organisation des bibliothèques des facultés à Paris et en province. En 1900, il assure l’intérim du poste de conservateur de la bibliothèque Victor-Cousin, distincte de la bibliothèque de la Sorbonne mais rattachée à elle, et en réforme le classement. Bibliophile depuis les années 1880, sa collection atteint, à sa mort, 30 000 volumes. Sa bibliothèque reflète ses goûts éclectiques : classiques grecs et latins, livres sur les échecs, romans de chevalerie, dictionnaires, critique musicale. Bibliophile attentif, il utilise les services du relieur Dupré. Il meurt, célibataire, dans l'Yonne, où il s'est retiré à sa retraite. Sa bibliothèque est vendue et dispersée en 1905". Les supports des notes manuscrites sont de formats divers ; numérotés de 1 à 208 au crayon rouge, ils sont présentés sur des feuillets montés sur onglets. Très bel exemplaire, unique, relié avec grand soin par Dupré.
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