Paris, E. de Boccard, 1929 ; in-12, X + 179 pp., demi-chagrin rouge à coins moderne, dos à 4 nerfs, premier plat de couverture conservé (trace d'usage, de restauration et manque de papier en coin à la couverture conservée).
Édition originale. En novembre 1913, à Saverne (Zabern en allemand), petite ville de garnison de Basse-Alsace annexée par l'Allemagne, un officier prussien du 99 insulte des soldats alsaciens, traités de Wackes (voyous), et est défendu par sa hiérarchie. Révélé par le journal catholique Elsässer, l'incident prend des proportions énormes. Il en est question au Landtag (Parlement régional) à Strasbourg et rapidement au Reichstag à Berlin. La presse s'emplit d'éditoriaux enflammés et de caricatures savoureuses. Les autorités impériales donnent finalement raison à l'armée contre les Alsaciens, ce qui entraîne la démission du chef du gouvernement du Reichsland d'Alsace-Lorraine, un Alsacien, remplacé par un Allemand. Cette affaire est devenue emblématique à la fois d'un traitement discriminatoire envers une minorité nationale et de la persistance de sentiments particularistes chez cette minorité malgré une assimilation de surface, que l'on croyait, à Berlin, renforcée par l'octroi en 1911 d'une nouvelle constitution et d'une semi-autonomie. A la veille de la Grande Guerre, elle montre aussi comment le pouvoir politique, en Allemagne, ne pouvait déjà plus rien refuser à l'armée. En cela, elle apparaît comme le prélude de la grande tragédie à venir. En conséquence, "l'Affaire de Saverne" a eu un grand retentissement en France, en Europe et dans le monde. Beaucoup de nationalités qui se considéraient comme opprimées (Irlandais, Canadiens français, Flamands, etc.) se sont identifiées (ou non) au combat des Alsaciens. Bon exemplaire.
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