RENAN (Ernest)

L'abbesse de Jouarre. Drame.

Paris, Calmann Lévy, 1886 ; in-8, VI + 110 pp., pleine percaline souple de l'époque, dos lisses à faux nerfs, filets d'encadrements estampés en noir sur les plats, couvertures conservées.

Édition originale, exemplaire du tirage courant, comportant la signature autographe de Renan sur la page de faux-titre. "La pièce est éditée à Paris, en octobre 1886, suscitant un étonnement choqué à cause de son sujet, une abbesse qui cède à l’amour. Au premier acte, dans le Collège du Plessis transformé en prison sous la Terreur, parmi les condamnés qu’on va mener à la mort le lendemain, le marquis d’Arcy et Julie-Constance de Saint-Florent, abbesse de Jouarre, se revoient. Tous deux, esprits éclairés, ont tenté de faire progresser la société dont ils font partie. Sous la menace de la mort qui pèse sur eux, d’Arcy réussit à convaincre Julie de céder à son amour. Le deuxième acte se termine ainsi. Mais le lendemain, Julie est graciée sur intervention de La Fresnais, un officier républicain qui s’est épris d’elle, au tribunal, et a demandé sa libération comme récompense pour la victoire de Fleurus. Julie tente alors de se suicider, mais un prêtre lui représente que son devoir est de vivre pour l’enfant qu’elle porte, et l’acte III se termine sur ce conseil. L’acte IV, au jardin du Luxembourg, montre Julie, rentrée dans le siècle, élevant courageusement sa petite fille. Au dernier acte, dans le château de famille, elle se laisse convaincre par son frère d’épouser La Fresnais, qui est de leur monde, mais a su prendre les armes pour la France révolutionnaire. L’Abbesse, avec l’accord de sa famille, de la nouvelle société et même de l’Eglise, en vertu du Concordat, devient alors épouse et mère de famille. Un tel sujet, dont Renan écrit qu’il lui a été inspiré par une lettre de Catherine de Sienne, choque les lecteurs français, qui considèrent que la pièce est impossible à jouer, et elle ne le sera jamais en France, en effet". (Anne-Christine Faitrop, Études Renaniennes, 1987, pp. 5-27). Petite restauration à la première charnière intérieure sinon bon exemplaire.