S.l., s.e., s.d. (vers 1750) ; 3 volumes in-12, 474 + 412 + 442 pp., plein veau de l'époque, dos lisses ornés à faux-nerfs, pièces de titre et de tomaison bleues, filet sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées (minimes traces d'usage). Les 3 volumes.
Copie manuscrite d’un texte mystique singulier, attribué à la mystérieuse « Solitaire des Rochers », pénitente retirée dans un ermitage des Pyrénées à la fin du XVIIe siècle. Née à Paris vers 1645 ou 1649, Jeanne-Marguerite — plus tard affublée du nom de Montmorency —, promise à un mariage arrangé, aurait fui le foyer paternel à quinze ans pour mener une vie errante et pauvre, avant d’entrer comme servante et garde-malade dans une famille bourgeoise. Vers la quarantaine, elle décide de se retirer du monde et cherche refuge d’abord dans les forêts du Forez, puis dans une grotte qu’elle nomme « la solitude des rochers ». Là, elle mène une existence d’ascèse extrême : jeûnes prolongés, prières ininterrompues, et pratiques de pénitence singulières, qui nourriront la légende. Durant six années, elle entretient une correspondance suivie avec le père Luc de Bray, franciscain, aumônier de l’artillerie de France et curé de la Trinité-sous-Châteaufort, devenu son confesseur par dispense de Rome. Les lettres, dix-neuf au total, qui sont présentées ici, sont accompagnées des réponses du directeur spirituel. Après la mort de de Bray, survenue le 9 décembre 1699, la marquise de Maintenon aurait recueilli les originaux présumés de cette correspondance, ainsi qu’un crucifix taillé par la pénitente elle-même. La nature de ces lettres divisa rapidement les commentateurs. Pour les uns, il s'agit d'une œuvre d'édification authentique ; pour d'autres, il s'agit d'une fiction pieuse conçue par le père de Bray au cœur des débats sur le "Pur Amour" qui opposaient Bossuet et Fénelon. Henri Bremond dénonça au début du XXe siècle cette correspondance comme une supercherie littéraire, tandis que l’abbé Bouix en défendait l’authenticité. L’œuvre circula tout au long du XVIIIe siècle, copiée dans les milieux dévots et jansénistes ; une vingtaine de manuscrits sont recensés à la BnF, à la Mazarine, à l’Arsenal et dans plusieurs bibliothèques provinciales. Le manuscrit que nous présentons, complet, semble avoir été rédigé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Calligraphie soignée à l'encre noire, titre des lettres à l'encre rouge ; le troisième volume est réglé à l'encre rouge. Bel exemplaire, provenant de la Bibliothèque des Carmélites de Tour, avec ex-libris manuscrit ancien et ex-libris imprimés.
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