Lyon et Paris, Librairie catholique de Perisse Frères, 1841 ; 2 volumes in-8, LII + 336 + 444 pp., plein veau marbré de l'époque, dos lisses aux coiffes ornées, pièces de titre et de tomaison de basane certe, tranches et gardes de la même marbrure (minimes traces d'usage aux coins). Les 2 volumes.
Édition originale de la correspondance entre la "Solitaire des Rochers", Jeanne-Marguerite de Montmorency, et le père Luc de Bray, franciscain, aumônier de l’artillerie de France et curé de la Trinité-sous-Châteaufort, devenu son confesseur par dispense de Rome. Avant cette première édition imprimée, la correspondance circula sous forme de manuscrits, assez largement diffusés. La mystérieuse « Solitaire des Rochers », pénitente retirée dans un ermitage des Pyrénées à la fin du XVIIe siècle, naît à Paris vers 1645 ou 1649. Jeanne-Marguerite — plus tard affublée du nom de Montmorency —, promise à un mariage arrangé, aurait fui le foyer paternel à quinze ans pour mener une vie errante et pauvre, avant d’entrer comme servante et garde-malade dans une famille bourgeoise. Vers la quarantaine, elle décide de se retirer du monde et cherche refuge d’abord dans les forêts du Forez, puis dans une grotte qu’elle nomme « la solitude des rochers ». Là, elle mène une existence d’ascèse extrême : jeûnes prolongés, prières ininterrompues, et pratiques de pénitence singulières, qui nourriront la légende. Durant six années, elle entretient une correspondance suivie avec le père Luc de Bray. Après la mort de de Bray, survenue le 9 décembre 1699, la marquise de Maintenon aurait recueilli les originaux présumés de cette correspondance, ainsi qu’un crucifix taillé par la pénitente elle-même. La nature de ces lettres divisa rapidement les commentateurs. Pour les uns, il s'agit d'une œuvre d'édification authentique ; pour d'autres, il s'agit d'une fiction pieuse conçue par le père de Bray au cœur des débats sur le "Pur Amour" qui opposaient Bossuet et Fénelon. Henri Bremond dénonça au début du XXe siècle cette correspondance comme une supercherie littéraire, tandis que l’abbé Bouix en défendait l’authenticité. Bel exemplaire malgré quelques rousseurs, agréablement relié, de la bibliothèque des Carmélites de Tours, avec leur ex-libris.
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