80 €
éd. 1861

MORNAND (Félix)

Sermons de Père Gavazzi. Suivis de l'ouverture des chambres à Gaëte et du départ de la police. Pièces macaroniques. Traduit de l'italien par Félix Morand. Précédé d'une notice sur le Père Gavazzi.

Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861; in-12, XXXII + 221 pp., demi-basane havane, dos orné à 5 nerfs, pièce d'auteur en chagrin bordeaux, pièce de titre en chagrin noire, date en queue, tête dorée, couvertures conservées.

Oberlé, 729 : "Alexandre Gavazzi, moine révolutionnaire italien né à Bologne en 1809, fut extrêmement populaire et redouté par les gouvernements. Ses sermons enflammèrent les patriotes italiens. Il accompagna Garibaldi sur les champs de bataille en Sicile, se fit remarquer à Palerme, à Naples par ses ardentes prédications. Il y jeta définitivement le gant à la papauté, ennemie des idées modernes. En 1862 il se fixa à Florence pour y propager l'Église néochrétienne dont il fut le fondateur. C'est une des éditions les plus curieuses de Malassis, dit Launay, à de multiples titres: 1) Les 4 sermons publiés in-extenso ont été prononcés du 12 au 16 septembre 1860; les autres, qui sont résumés, vont du 19 septembre au 15 octobre. C'est-à-dire que le document a été traduit, annoté, préfacé, composé, mis en pages, imprimé, broché et mis en vente en moins de deux mois. Une sorte de record qui laissera rêveur maint éditeur de la fin du XX° s. - 2) Le document lui-même est un modèle du genre : les discours ont été entièrement sténographiés, avec les indications des gestes de l'orateur, des mouvements de la foule, des bruits de la rue. - 3) L instinct politique, plus encore que journalistique, de Malassis se révèle ici. L'expédition italienne de Napoléon III en dépit de ses premières volte-face et du beau pourboire qu'il rapporte (Nice et Savoie) a dressé contre l'Empire la réaction et le clergé, ses soutiens les plus solides. Napoléon doit donc s'appuyer sur les adversaires de la veille et les hommes de 48. Malassis s'engouffre dans la brèche. Pour une fois, c'est lui qui a les mains libres et c'est l'Univers qui devra se taire. - 4) Enfin le personnage de moine révolutionnaire et guerrier qui se trouve campé ici vaut le détour. Voir aussi l'article de la Revue anecdotique IX p. 239 : "… En lisant ces improvisations faites sur la place publique, on croirait entendre un orateur du temps de la Ligue. Ce sont en général, des discours politiques en faveur de l'unité de l'Italie, mais dits avec une verve, un entrain, une vivacité d'images incroyables. Les locutions employées ne sont pas dans le geste; mais on conçoit aisément l'enthousiasme que doivent exciter à Naples ces violences et ces imprécations contre Franceschino Bambicello…". Félix Mornand, fils d'un avocat qui dirigea à Mâcon le mouvement de juillet 1830, resta fidèle aux options paternelles. Nommé à 18 ans secrétaire de la commission d'enquête en Algérie, il fut récompensé pour le talent qu'il déploya dans ses fonctions. A son retour en 1834 il fut attaché au Ministère de la Guerre et occupa son poste jusqu'en 1844. Il démissionna pour se consacrer aux lettres. Sous la révolution de février il fut secrétaire du gouvernement provisoire, puis commissaire de la République à Grenoble et Chambéry. De retour à Paris il collabora à divers journaux : Journal du Commerce, Revue de Paris, l'Estafette, le Presse… Il dirigea la chronique littéraire de l'Illustration jusqu'en 1857. Rédacteur en chef du Courrier de Paris il passa ensuite à l'Opinion nationale où la cause italienne lui inspira une remarquable série d'articles. Il publia plusieurs livres : la Belgique (1853) ; la Vie de Paris (1865) ; la Vie arabe (1856) ; Un tableau de la Russie et de la Turquie (1854) ; on lui doit aussi un récit de la Guerre d'Italie, une traduction de l'Esclave blanc de Hildreth. Pour Poulet-Malassis il traduisit un livre italien. Félix Mornand disparut en 1867.". Bon exemplaire.

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