[ESTIENNE (Henri)]

Legenda S. Catharinae Mediceae Regina matris, vitae, actorum, & consiliorum, quibus universum regni Gallici statum turbare conata est, stupenda eaque vera enarrratio.

S.l., s.e., 1575; in-12, 103 pp., cartonnage d'attente du XIX°, plats détachés.

Seconde édition de la traduction latine, probablement imprimée en Allemagne, à la même date que la première, mais avec une pagination et un titre différents. L'édition française, toujours à la même date, portait le titre suivant : Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de Catherine de Medicis, Royne mère, Auquel sont recitez les moyens qu'elle a tenu pour usurper le gouvernement du Royaume de France, et ruiner l'estat d'iceluy. Il s'agit en effet d'un pamphlet d'une extrême violence contre Catherine de Médicis, une sorte d'hagiographie inversée, une légende noire. "On attribue cet écrit à Henri Estienne, et rien ne parait plus vraisemblable. Le caustique auteur de l'Apologie pour Hérodote étoit bien homme à produire l'outrageux pamphlet, dont, au reste, la grave et sévère histoire a confirmé, sinon approuvé, presque toutes les rudes et souvent brutales affirmations" (Renouard, 143). On raconte que Catherine, après avoir pris connaissance d'un ouvrage dans lequel elle était chargée de tous les maux de la terre, sans oublier le meurtre, s'exclama : "Quel dommage que l'auteur ne m'ait pas consultée, il aurait pu en raconter de pires à mon sujet". On a aussi attribué ce texte à Théodore de Bèze. L. Cristiani estime qu'il est "dû à la collaboration, avec Henri Estienne, du magistrat grenoblois Innocent Gentillet (sic !), connu par ailleurs par une réfutation de Machiavel" (Dictionnaire des lettres françaises du XVI° siècle, p. 313). Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un ouvrage terrible, et très curieux : "J'ay craint, dit l'auteur, de souiller aucunement mes mains et me faire mal au coeur, en remuant et sentant une matière tant vilaine et puante". Brunet, II, 751. Schreiber, 196, n°1 (première éd. de la traduction latine).